
L’auteur raconte l’histoire d’un jeune homme, Patrice Mersault, qui tue un homme riche pour le voler : le crime est à la fois parfait et innocent, puisque la victime avait le souhait de mourir. Meursault tombe malade et ne profite pas d’un bonheur insouciant très longtemps. Pour lui, la question est de savoir s’il peut mourir à la fois lucide et heureux.
Si Mersault est heureux à la fin, ce qu’il a cherché toute sa vie, au-delà du bonheur, c’est la vérité.
Peut-on être heureux en étant pauvre ? Faut-il être riche pour être heureux ?
Le premier roman écrit par Camus. Il délaissera l’écriture de ce livre pour une nouvelle intrigue : l’étranger. Des thèmes tels que le face à face de l’être humain avec la mort, la justification de l’existence, le désir d’être heureux sont abordés.
Pourquoi je vous le recommande ?
Camus y met de lui-même dans son personnage : l’affrontement à la maladie, l’expérience de la pauvreté, le rapport aux femmes, l’antonymie heureux-malheureux, l’émerveillement face à la nature.
Pour mieux connaître le projet romanesque de l’auteur, ensuite. Camus reprendra « l’histoire d’un condamné à mort » pour faire vivre un nouveau personnage dans une toute nouvelle intrigue.
Je recommande la mort heureuse parce que c’est fort en émotion. J’ai aussi pu remarquer qu’il y a le leitmotiv de la figure maternelle qui est très présent dans ce roman. De façon plus large, ses romans- la mort heureuse et l’étranger- sont une ode à ses terres natales algériennes et à son enfance. La mort heureuse a été publié à titre posthume. De mon point de vue, lire la mort heureuse, c’est un peu mieux connaître Camus, et sa propre histoire. En effet, il y a une dimension autobiographique présente dans le roman et qui lui est reprochée d’ailleurs : Camus a voulu retranscrire sa vie et ses expériences personnelles dans une forme de nostalgie, en s’inspirant de figures qui ont marqué sa propre jeunesse, de la « Maison devant le Monde » dans laquelle il a lui-même vécu sans aucun recul critique.
Ce roman s’ inscrit dans les Carnets I, dont l’écriture s’étend de mai 1935 à février 1942. Ses notes déployées dans des Carnets témoignent de son écriture fragmentaire, car elles ont à la fois une autonomie et une interdépendance ; ce qui constitue une entrave à la recherche d’une unité cohérente dans l’œuvre. Bref, Camus, de 1935 à 1937, a un projet romanesque vaste car il établit plusieurs versions de plans dans ses Carnets et il veut tout intégrer : les lieux qu’il a visités, ses proches, ses influences littéraires et philosophiques, ses portraits sur la condition humaine et le bonheur. Finalement, par son ambition, Camus n’a pas donné de limites à l’élaboration de cette première tentative romanesque qui se solve ainsi par un échec. C’est pourquoi il est essentiel de lire ces deux romans.