
A travers cet essai, Merleau-Ponty revient sur une interrogation à propos de la place de la vision, de l’oeil de chair » qui est longtemps dévalorisée par la métaphysique occidentale, et il revient donc en partie sur la dioptrique de Descartes.
Le regard et la perception sensible du point de vue de la connaissance et de l’Etre (celui du monde intelligible), le contact avec le réel est dévalorisé par la tradition métaphysique.
Il y a donc une dévalorisation ontologique pour laquelle la perception sensible ne nous donnerait pas accès au monde, et paradoxalement, ce qui est chose concrète est ce qui contient le moins de réalité.
Le peintre habite le monde, et le réinterpréte à travers le champ des possibles. Selon lui, il s’agit d’une réhabilitation de la perception vers une logique du sensible, c’est-à-dire l’idée que la perception sensible est un moyen d’accéder à la réalité des choses.
Ainsi, ce n’est non pas l’entendement qui nous permet d’accéder à la réalité par un processus d’idéalisation, mais on accède aux choses elles-mêmes, les choses « en soi » à travers la sensibilité, l’œil.
Il fait la critique d’une philosophie de la science des années 60 qui cherche à théoriser le réel, sous des prismes et formes abstraites qui consistent à nous imposer des modèles scientifiques comme étant la réalité même ; et donc en donnant une portée ontologique à ces modèles.
Au-delà d’une portée scientifique, il y a aussi une portée poétique dans ce qu’il dit, et tel qu’est présenté son texte. Celui-ci est clair, mais pourtant son style tient une certaine rigueur philosophique : je re-parcours certaines de ces phrases tant elles sont denses. C’est pourquoi je pense lire ce texte une seconde fois pour mieux ruminer les mots et les phrases énoncées, tout en les déchiffrant.
Si le dualisme entre corps et esprit est très vrai dans la philosophie métaphysique, Merleau-Ponty nous invite à voir les choses autrement. Il évoque l’importance du corps qui devient à la fois voyant (yeux) et visible (par les autres) à partir du moment où l’on réduit la distance qui sépare le monde et soi-même.
Il insiste sur la visibilité de soi-même, être visible pour soi-même qui fait que l’on habite le monde et que l’on ne peut s’en défaire. Ceci, car la vision sensible s’établit depuis le corps, l’individu à une conscience qu’il incarne et il apprend à habiter son corps. De fait, le corps est donc voyant pour lui-même, et le corps est visible c’est la raison pour laquelle il appartient au monde. Il y a alors fusion de son corps et du monde, pourtant il peut aussi y avoir fission car même si l’on se trouve à l’intérieur de son corps, on peut ne pas se définir en tant que corps.
Merleau-Ponty utilise la peinture de Cézanne pour illustrer ses arguments. Il montre le rôle important de la peinture dans la philosophie.
La question d’une imitation du réel, selon lui, ne se pose pas. La peinture nous invite à voir la façon dont les choses nous apparaissent. Les choses qui émanent du visible sont structurées et elles n’ont pas besoin de faire intervenir l’entendement pour superposer un sens à ce que les scientifiques appellent ce chaos. Ponty revendique donc le contraire.
