
Je n’ai qu’un mot pour décrire ce roman : Magnifique.
Adam, historien et spécialiste en histoire ancienne (cf sa biographie sur Attila) et exilé à Paris depuis 25 ans, retourne dans son pays natal lorsqu’il apprend que l’un de ses amis de jeunesse Mourad est sur le point de livrer son dernier souffle. C’est l’occasion pour lui d’écrire sa propre histoire et de livrer ses pensées les plus intimes dans un carnet pour décrire ses seize journées de retour au pays, à savoir le Liban. De fait, il renoue progressivement avec cet Orient perdu et regretté de tous.
A travers son roman, Amin Maalouf nous livre une image de la guerre du Liban, à travers la subjectivité du « club des Byzantins », club créé par les anciens amis de jeunesse. Un club où les idéaux, les opinions, les désirs et les illusions s’agitent et se bousculent dans le Liban des années 70. Mais leurs rêves et leurs idéaux se fissurent quand « la » guerre frappe à la porte.
« Nous nous proclamions voltairiens, camusiens, sartriens, nietzschéens ou surréalistes » ; « nous sommes devenus chrétiens, musulmans ou juifs, suivant des dénominations précises, un martyrologe abondant, et les pieuses détestations qui vont avec. ».
En effet lorsque celle-ci éclate : deux camps s’opposent à savoir les exilés et ceux qui sont restés. Adam, étant le narrateur principal est un exilé et ce dernier considère que l’individu n’appartient pas à un pays mais à un « monde », étant ainsi un éternel voyageur sur terre.)
L’émigration et l’exil sont au cœur du roman, ainsi Maalouf décrit avec précision les sentiments suscités par l’émigration des amis de jeunesse. Une génération qui a cru à une civilisation levantine où règne un savoir-vivre entre les communautés ; pourtant sacrifiée au profit du religieux.
Maalouf décrit cela par l’intermédiaire du personnage Nidal qui incarne parfaitement cette ambivalence étant un islamiste intégriste toutefois fréquentable. De même à travers le personnage de Ramzi, un ingénieur riche devenant le moine frère Basile.
De plus, le conflit israélo-palestinien et le radicalisme islamique sont des thèmes politiques abordés dans le roman. Le radicalisme islamique notamment à travers le dialogue entre Adam et Nidal où Adam porte un regard d’historien en faisant le parallèle entre le communisme et l’anti-communisme qui sont tous deux les fléaux du XXe siècle ; également entre l’islamisme et l’anti-islamique, fléaux du XXIe siècle.
Le roman permet au lecteur de mieux comprendre le schisme entre Orient et Occident, ou pour être plus précis entre « Arabes » et « Occident ».
Bref, Guerre, Proche-Orient, exil et amitié sont les thèmes centraux de ce roman.
Je le recommande !