Catégories
Littérature classique

Le livre de ma mère de Albert Cohen

Une littérature de l’enfance et de la mère où l’écrivain se veut être réaliste sur les moments de son existence et l’hommage rendu à sa mère, que seul l’écriture l’a fait revivre en quelque sorte, au-delà de la mort.
Parmi tous ses livres, le livre de ma mère est l’un des seuls dont Cohen fait le récit autobiographique et dans lequel il raconte une réalité de sa vie pour retrouver le « moi » intérieur de l’auteur ; avant de créer une ouverture aux autres pour dépasser ses propres sentiments et son lien personnel avec sa mère.
Dès les premières pages, son départ de Corfou (ville où l’antisémitisme y est très présent) pour Marseille nous plonge dans l’enfance. Ensuite la description des moindres petits gestes de sa mère, son attention particulière, sa volonté de faire bonne impression à son égard, sa maladresse qu’il décrit avec ironie la rend à nouveau vivante à ses yeux. On dit souvent de la littérature qu’elle est un chemin vers la consolation de ses propres peines, de son malheur. Ici, la plume est un remède et est le moteur d’une lente élaboration de son deuil.

Une plume poétique et proustienne (celle des souvenirs), un style brillant ! J’ai été émue jusqu’à la fin, bien que certains passages tels que les références à Dieu sont redondants et limite ennuyeux : une litanie de sa rancoeur et de ses plaintes, sans doute dû à la difficulté de son deuil. Sa mère devient l’objet de son coeur et de son amour qu’il ne peut plus exprimer autrement que par l’écriture, son statut évolue et devient une idole vénérée et absente aux yeux de son fils. Sa culpabilité sur la mort de sa mère (dans la deuxième partie de son texte) se fait profondément ressentir, la culpabilité de continuer à vivre sa vie, à aimer, à ressentir de la joie parfois ; mais aussi signe de guérison. (p.141 « ma mère est morte, mais j’ai faim (…) Péché de vie. Manger c’est penser à soi, c’est aimer vivre. Mes yeux cernés portent le deuil de ma mère, mais je veux vivre. »

Une plume qui dépasse le caractère intime de l’auteur et tend à l’universel « pour que chacun puisse y reconnaître son rapport avec sa propre mère. » Un hommage à toutes les mères en général, et un message aux fils et filles de leurs mères, étant ingrats et ignorants de la beauté de leur mère.

Belle du Seigneur me tente assez pour continuer à découvrir l’auteur, dans lequel à travers son univers onirique cette fois, il propose de façon satirique et humoristique une vision de la passion en quelque sorte ; loin de la trilogie de ses deux autres romans autobiographique (« O vous frères humains », et « Carnets » (1978).)

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s