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Lectures philosophiques

L’Aventure, l’ennui, le sérieux de Jankélévitch

Vous êtes vous déjà demandé si l’on peut vivre un examen ou un concours comme une aventure ? Avez-vous déjà essayé ? Pour Jankélévitch, c’est possible. Pour lui, vivre un concours, c’est le vivre comme une épreuve du sérieux. Du moment où l’on se moque d’une imprévisibilité, cela peut-être vécu comme de l’aventure.

Un texte philosophique magnifique.

Je retiens la clarté de son expression. Un texte très accessible. Je pense, par expérience, que ce texte est parfait pour rentrer dans l’oeuvre de l’auteur. Jankélévitch défend une philosophie morale. Il s’attache à la nuance.

Son texte prend la forme d’une dissertation philosophique, car les deux derniers chapitres vont au-delà de ce qui a été dit précedemment. Un bon exercice intellectuel donc. Lire Jankélévitch c’est à la fois être dans et hors du temps.

Ainsi, L’aventure, l’ennui et le sérieux sont trois façons différentes de se rapporter au temps. Ici, Jankélévitch propose trois types d’aventure : l’aventure mortelle, l’aventure esthétique et l’aventure amoureuse.

Faire de sa vie, une aventure.

L’aventure a un pouvoir de fascination. Dans cet ouvrage, il montre qu’il est tout à fait faisable de penser l’aventure en faisant converger l’exercice de la pensée avec la passion des découvertes.

Il définit ce qu’est une aventure, il va puiser sa singularité. Il l’a défini comme une disposition temporelle, un rapport au temps. Il oppose l’aventure au sérieux, en disant que le sérieux est le fait d’envisager l’instant présent dans la durée, comme construire un projet à venir dans la durée. Un présent qui se construit. Ce faisant, le présent s’inscrit dans un devenir.

Une initiation à l’aventure

Faut-il choisir de se lancer dans l’aventure ? A partir du moment où l’on choisi d’être aventureux, l’aventure commence. Autrement, on choisi l’aventure. Ce faisant, lorsque l’on accepte l’imprévisibilité dans notre rapport au temps. Il est donc intéressant de considérer le voyage, le tourisme non comme une aventure, car l’aventure est une disposition temporelle.

Au commencement, l’homme devient aventureux. Il n’est plus dans cette position inconfortable qui est d’être libre et déterminé à la fois. Dans l’aventure, il crée sa vie, de façon imprévisible. Il construit sa vie dans l’immédiat. Un peu à la manière d’un artiste qui crée quelque chose d’inattendu.

Dans le chapitre I, il distingue l’aventurier (qui a un rapport utilitariste refusant toute imprévisibilité) de l’aventureux qui s’offre à la « futurition« , à tout ce qui est mouvant, incertain, c’est-à-dire l’incertitude de ce qui va advenir. Il accepte le risque du temps.

J’ai beaucoup aimé la partie sur l’aventure amoureuse qu’il considère comme un mixte de sérieux et de jeu. Il le dit « l’aventure d’amour est un jeu sérieux ».

L’aventure n’est-elle pas un moyen de contrer un ennui existentiel ?

Dans une interview, Jean-Michel Asselin évoque son ascension de l’Everest. Sa motivation, c’est de gravir le plus grand sommet du monde. L’attraction que suscite l’Everest est qu’il n’y a pas plus haute montagne. Selon lui, la décision n’est pas dure à prendre. Du moment que la décision est prise, les alpinistes acceptent l’imprévisibilité comme la mort. Ils tendent vers un idéal. C’est pourquoi, c’est un homme aventureux en quête d’intensité. Le jeu avec la mort est une manière de fuir la routine. Mais finalement, ne serait-ce pas une aventure mortelle qui se caractérise par son sérieux ?

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