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Littérature contemporaine

Autobiographie d’E.Moutzan-Martinengou

Une autrice (1801-1832) très peu connue en France.

Je vous invite à prendre connaissance de son autobiographie.

Être femme-auteure à son époque n’est pas chose aisée.

C’est particulièrement le cas dans cette île de la mer ionienne, Zakynthos. Elisavet a voulu s’affirmer en tant qu’autrice. Son art n’est pas un simple passe-temps. Elle tente de cultiver son esprit par sa propre volonté. Elle s’auto-évalue, cherche la critique de son entourage en donnant ses œuvres à lire à des intellectuels et des hommes de goût. Elle souhaite avoir un impact sur ses contemporains, elle veut être connu, et reconnu à la hauteur de son talent. Aussi, Boccace lui a servi de modèle, pour la beauté de son style. Elle compose des drames, des tragédies, des contes moraux rédigés en italien et un traité théorique en Grec consacré à l’économie. 

Elle tente d’outrepasser la tradition ancienne de l’île de Zakynthos, « qui veut que les femmes soient exclues de la société des hommes. » C’est ainsi qu’à l’âge de 8 ans, elle vit cloîtrée entre quatre murs, sans même avoir le droit d’aller à l’église. Adolescente, des religieux lui enseignèrent quelques traités théoriques et religieux. Pourtant, elle s’est efforcé d’acquérir une éducation et une culture par ses propres moyens. Elle se met alors à écrire, écrire pour être libre, pour s’affranchir de sa condition, pour exprimer son désir de solitude. Elle a un don naturel pour l’écriture. Elle préfère la lecture à la broderie. Elle adresse des lettres à ses parents. Ils lui refusent son désir de s’installer dans un monastère. Incomprise de son entourage, de ses parents, de son oncle paternel et enfin de la société, elle décide donc de mener seul son combat : celui de vivre pour l’étude et l’écriture.

Par ailleurs, ses principes religieux lui sont précieux. Ce qu’elle dénonce c’est l’excès et tout ce qui va contre la raison, en particulier les contraintes qui lui ont été imposées : reclusion, absence d’éducation et mariage forcé. Malgré tout, l’amour paternel et maternel est présent. Elle regrette de devoir quitter sa mère et sa soeur, lorsqu’elle prévoit de partir la nuit en douce pour réaliser son projet : le projet de s’installer vivre au monastère.

J’ai beaucoup appris sur Zakynthos. Une île qui appartenait à l’origine aux Vénitiens du XVe au XVIIIe siècle. D’où la forte présence de la culture italienne et de l’emprise de la langue sur cette île. En 1809, les Anglais occupent les îles ioniennes et ont pris le nom d’Etat ionien quand il a été officiellement accordé sous forme de protectorat. Élisavet a donc vécu sous domination anglaise. Sa famille est d’origine vénitienne et son père maintient des liens étroits avec l’Italie. C’est la raison pour laquelle le langage noble pour ces hommes de classes supérieures est l’italien.

J’en ai apprécié la lecture, et j’ai été heureuse de rencontrer, pendant cette lecture, cette femme talentueuse avec un esprit vif et déterminé. Un récit tout à fait unique. Le livre est considéré comme la première autobiographie d’une femme dans la littérature occidentale.

Une lecture que je recommande chaudement !

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