
Boulgakov est né dans une famille catholique, son père étant un historien des religions occidentales. Son destin était initialement de se tourner vers la médecine. C’est au début de la Première Guerre mondiale qu’il débute sa carrière de médecin, et lors de la prise de pouvoir des bolcheviks en 1917, notamment à Petrograd et à Moscou. En tant que jeune professionnel de la médecine, il témoigne de ses lourdes responsabilités en 1925-1926, dans le recueil posthume Carnets d’un jeune médecin.
En 1919, il assiste à dix-huit changements de pouvoirs : les occupants allemands, les nationalistes ukrainiens, troupes bolcheviques, forces blanches et rouges. En octobre 1919, il est engagé comme médecin militaire par l’Armée blanche et écrit des récits sur les événements qui l’accablent. En 1920, après l’annonce de la défaite des Blancs, Boulgakov choisit de se consacrer exclusivement à l’écriture. L’arrivée à Moscou en 1921 le marque profondément. Son entrée dans la littérature se fait par le biais du journalisme satirique. Il est un outsider car il ne fait pas partie du groupe des écrivains de son époque, en plus d’être issu de l’intelligentsia provinciale.
Boulgakov maîtrise parfaitement le mythe de Faust et réussit à transposer des scènes de Faust dans le Moscou actuel. Il traite des deux corpus faustiens et scripturaires en remodelant le mythe de Fauste et le mythe chrétien. Il remanie la tradition scripturaire sans aucun préjugé antireligieux, en faisant une libre interprétation des textes canoniques, des apocryphes et des légendes médiévales.
Un roman savoureux. Boulgakov nous malmène et nous fait découvrir des scènes aussi intrigantes que folles. Un livre qui traite de multiples sujets importants et combine avec brio la philosophie, la littérature, l’histoire et la religion.
Dans le roman figure deux intrigues qui finiront par se croiser. L’une se déroule à Moscou dans l’ère stalinienne. L’autre se déroulant dans la Judée pré-chrétienne. Elle relate la rencontre entre Ponce Pilate, le procurateur romain, et Ieshoua Ha-Nozri, plus connu sous le nom de Jésus de Nazareth. Sur le mont Chauve ou Golgotha, la crucifixion sera remplacée par le pilori. Pilate ne parvient pas à trouver la paix, car il aurait pu sauver Yeshoua. Dans ses rêves, il imagine annoncer au peuple juif qu’il lui accorde la vie sauve. Il est un fantôme qui ne cesse de se questionner : « La lâcheté n’est-elle pas le plus grand crime qui soit ? »
L’intrigue qui se déroule dans le Moscou contemporain laisse libre cours aux actions de Satan et de ses trois serviteurs : Koroviev, Azazello Béhémot qui se présente sous l’aspect d’un gros chat noir. Un vacarme sera causé par les trois individus, avec des meurtres, des accidents et des personnes internées en asile psychiatrique. Par cette dénonciation, Boulgakov met en évidence la machine totalitaire du régime. Woland n’est pas le symbole du mal, il est simplement le guide qui permet au lecteur de découvrir la véritable essence de l’être humain. Ce dernier fait un examen de l’état des esprits à Moscou. Son passage à Moscou provoque des remous au sein de la bureaucratie communiste. Woland et son entourage mettent en évidence le rationalisme matérialiste de leur époque. D’emblée, nous comprenons que la dichotomie du bien et du mal s’efface pour donner lieu à une pensée mystique.
L’histoire d’amour entre Marguerite et le Maître est d’une grande beauté. Le Maître, qui est l’auteur du roman sur Pilate, est détruit par le rejet de son manuscrit. Cependant, Marguerite parviendra à la sauver en concluant un pacte avec le diable et en se rendant au bal de Satan. Le Maître représente, par la volonté de l’auteur, une exigence de vérité et d’Absolu à travers l’écriture, traduisant ainsi une aspiration à la transcendance.
Une œuvre qu’il convient de relire afin de saisir toutes les intentions de l’auteur ! C’est avec une grande joie que j’ai découvert Boulgakov.

2 replies on “Le Maître et Marguerite de Boulgakov”
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