
Succédant à Ainsi Parlait Zarathoustra et précédant la généalogie de la morale, est publié Par-delà le bien et le mal en août 1886. Il est un commentaire de Zarathoustra et sert de point de départ au développement de la généalogie. Où se cache la vérité selon Nietzsche ? Tout comme elle est mensongère, l’atteinte à la vérité l’est encore plus. A ce stade de sa carrière philosophique, personne ne l’écoute, personne ne partage sa solitude, encore moins sa souffrance, surtout, personne ne le comprend. Pourtant, Nietzsche se s’est engagé dans une tâche ambitieuse : bousculer les modes de pensées, s’éloigner de l’habitude et du commun pour laisser place aux philosophese l’avenir, aux esprits libres, originaux et créateurs, capables de faire advenir des choses nouvelles. Leur mission est de rendre la vérité convaincante, séduisante, désirable. Il s’agit de susciter de l’adhésion, de créer une interprétation, de la croyance, de la foi.
De fait, Nietzsche insiste sur l’absence d’universalité de la réception, car l’idée est de fabriquer des oreilles et de sélectionner les lecteurs prêts à entendre et comprendre le sens de son texte.
Nietzsche va au-delà de ses trois principes tels que la recherche, l’enquête et l’expérimentation dans ce texte. Il semble avoir tiré des conclusions de ses recherches. Ses aphorismes contiennent une démarche philologique. Ils démarrent par une critique dans le but de faire surgir quelque chose de commun à tous les modes de pensée philosophique comme un consensus. Nietzsche passe en revue les doctrines philosophiques pour mieux dénoncer, à la lecture des textes qu’il se propose de traduire, la fausseté de leurs arguments. Il s’agit donc d’un véritable examen philologique. Il dénonce notamment la philosophie de Schopenhauer, un écueil qui doit être éloigné de la philosophie de la volonté. Le problème principal selon Nietzsche est celui de la valeur. Le problème de la tradition philosophique est l’absolutisation, l’absence de justification de leur manière de réfléchir et penser. Ainsi, les opinions des philosophes fondées sur des préférences et des répulsions fondamentales, supposent des logiques d’appréciation, ce qu’il appelle des valeurs, solidement mis en place. La solution se trouve dans la logique de l’interprétation. La question de la valeur est intimement liée à la problématique de l’interprétation.
Le paragraphe 30 est l’un de mes préférés puisqu’il parle du problème de l’incompréhension : « Les livres de tout le monde sont toujours des livres qui sentent mauvais : l’odeur de petites gens les imprègne. Là où le peuple boit et mange, même là où il vénère, l’atmosphère empeste d’ordinaire. »
