
La guerre de Troie, conflit légendaire de la Grèce antique, est revisitée par le témoignage d’une femme, Briséis, qui porte l’enfant d’Achille.
Nous explorons avec sensibilité le vécu des femmes grecques retenues prisonnières par les troyens après la guerre. Une solidarité féminine qui touche. Leur vie s’annonce fastidieuse. Le témoignage d’une femme ne vaut pas celui de l’homme, il n’a pas le même poids. Bien qu’elles vivent en communauté pour la plupart, elles sont contraintes d’obéir, de servir, d’enfanter et de ne point avoir de jugement. La situation de certaines femmes évolue : Briséis, mariée à Alcimos, est placée sous sa protection, Hélène est liée à Ménélas, Andromaque est convoitée par Pyrrhus, Cassandre est victime d’un viol sous le regard des dieux puis mariée à Agamemnon de façon illégitime. Toutes, quels que soient leurs statuts, ont le même destin.
La voix jusque-là ignorée des femmes devient plus présente, plus forte grâce au récit. Alors que l’inhumation du corps de Priam est contestée, Amina empoigne et tire le verrou, elle tente d’enterrer le corps de Priam secrètement dans la nuit, en prenant soin d’éviter tous les regards. Nous reconsidérons alors le statut de Priam. Qui était-il ? Un homme respecté et respectable ?
Priam est l’hôte-ami d’Achille. En ignorant l’existence lointaine de ce pacte amicale entre les deux hommes, Pyrrhus en tuant Priam sur l’autel de Zeus, déclenche la colère de Zeus. En conséquence, les Grecs ne peuvent pas quitter Troie en raison de l’offense commise par Pyrrhus. Calchas, en homme sage, rend compte du châtiment exigé par Zeus. Un bûcher funéraire s’impose pour Priam ainsi que le sacrifice de l’étalon noir de Pyrrhus.
Sous le prisme du mysticisme, le roman introduit une réflexion sur l’hospitalité grecque, les conditions de statut d’un hôte-ami et les conséquences de celui qui brave les règles de l’amitié entre deux hommes.
Cette culture de l’hospitalité a une origine grecque que les chrétiens ont ensuite adoptée en mettant en place, dès le IVe siècle, le concept de la xenodochia, lieux d’accueil chrétien de ces communautés chrétiennes mobiles. L’évêque d’Afrique, Synésios Cyrène et l’empereur Julien, ont été les premiers à évoquer la figure du Zeus hospitalier, qui incarne la présence du divin auprès des hommes. Ces communautés chrétiennes ont une éducation grecque et romaine et adoptent les normes grecques dans leur religion. Le phénomène de la xenia classique et les modes d’interactions avec les étrangers sont d’ailleurs considérés comme une tradition qui perdure au-delà des cités grecques. Nous sommes ici sensibles à ce code de conduite entre les deux peuples, grec et troyen.
